Qu’est-ce que la chronologie des médias ?

On sait tous ce qu’est un média, ainsi qu’une chronologie, mais lorsque l’on associe ces deux termes, cela devient plus confus. Est-ce que la chronologie des médias se résume à l’historique répertoriant les différentes inventions des médias ? Est-ce une liste de dates ? En quoi cela consiste ? Quelles sont ses implications ? Y’a-t-il une contribution à l’élaboration de films ?

La chronologie des médias

On appelle chronologie des médias les écarts temporels fixés entre la sortie en salle d’un film et sa diffusion via d’autres supports comme la VoD, les Blu-Ray, la télévision etc. La France a pour particularité de déterminer une grande partie de la chronologie des médias par des décisions de la puissance publique.
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Il est parfois possible de contourner cette chronologie, comme l’a fait Olivier Assayas avec son film « Carlos » qui a d’abord été diffusé dans une version longue sur la chaine de télévision payante Canal+, puis qui est sortie en une version raccourcie au cinéma.
En raison du téléchargement illégal et de la multiplication d’offres légales pour contrer cet effet (dont la VoD – vidéo à la demande – voir article sur la loi HADOPI pour un complément d’informations), on peut penser que la chronologie des médias doit s’adapter aux évolutions de notre société. Le piratage malmène par définition les délais de la chronologie. Par exemple, le film « Drive », avec l’auteur Ryan Gosling, était disponible sur Internet en HD plusieurs semaines avant sa sortie en DVD, Blu-Ray et VoD. Ceci n’est pas un cas isolé et c’est notamment lié au fait qu’un grand nombre de films sortent aux Etats-Unis avant de sortir en France. Ils sont ainsi disponibles en DVD, Blu-Ray et VoD d’abord au pays de l’oncle Sam : il est donc « facile » de les mettre en ligne et de les partager.
Les plateformes proposant des abonnements forfaitaires (SVOD), comme Netflix, sont fortement handicapées par la chronologie des médias qui ne leur permet que de proposer des films sortis en salles il y a moins de 36 mois. C’est notamment pour cela que lorsque l’on regarde le catalogue de films de Netflix, les plus « récents » datent en moyenne de 2012. La chronologie des médias est critiquée à cet effet. Son objet est de donner une exclusivité aux salles pour l’exploitation d’un film puis, de permettre aux distributeurs de DVD et aux opérateurs de VoD de bénéficier d’un temps d’avance sur les chaînes de télévision. Au final, l’intérêt des différents opérateurs du monde du cinéma est d’assurer la rentabilité d’un film et de ceux qui en font sa diffusion.
En France, les pouvoirs publics participent avec les acteurs du monde du cinéma à la détermination des règles. Ainsi, la chronologie qui détermine l’exploitation des films en VoD et le passage sur les chaînes de télévision résulte d’un arrêté du ministre de la culture du 9 juillet 2009. En réalité, cet arrêté ne fait que rendre obligatoire un accord signé par une grande partie de ces acteurs.

Source : Netflix, offre légale
Source : Netflix, offre légale

On reproche souvent à la chronologie des médias de ne pas proposer des délais en adéquation avec « le monde réel ». Certains éditeurs de DVD ou plateformes de VoD non affiliées aux chaînes de télévision aimeraient pouvoir proposer les films peu de temps après, voire en même temps, que la sortie en salle afin de pouvoir concurrencer les salles de cinéma en proposant une solution alternative au déplacement au cinéma (proche du e-cinéma).
Il faut néanmoins retenir que la période 2009-2010 a été marquée par un profond renouveau, dû notamment à la loi HADOPI qui a entrainé une réduction considérable des délais. La vente et la location de DVD sont ainsi passées de 6 à 4 mois après la sortie en salles pendant que la VoD à l’acte est passée de 33 semaines à 4 mois.
Dans le cadre de la chronologie des médias, les différents acteurs tels que les services de VoD, doivent également contribuer financièrement à l’élaboration de contenu cinématographique.
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Source : Pixabay

La contribution à l’élaboration de films

En France, la réglementation des SMAD (Services de Médias Audiovisuels à la Demande) impose, selon le décret n°2010-1379 du 12 novembre 2010, des obligations aux services de SVOD (abonnement). Ils sont ainsi soumis à des obligations de contribution à la production d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles européennes, mais aussi d’expression originale française de :
• 26% et 22% lorsqu’ils proposent annuellement au moins dix œuvres cinématographiques de longue durée dans un délai inférieur à 22 mois après leur sortie en salles en France.
• 21% et 17% lorsqu’ils proposent annuellement au moins dix œuvres cinématographiques de longue durée dans un délai inférieur à 36 mois et égal ou supérieur à 22 mois après leur sortie en salles en France.
• 15% et 12% dans les autres cas.
La contribution est alors investie dans la production d’œuvres cinématographiques et dans la production d’œuvres audiovisuelles (sauf pornographiques ou incitant à la violence). Elle l’est en proportion des parts représentées par chacun de ces deux genres d’œuvres dans le téléchargement ou le visionnage total des œuvres par les utilisateurs du service au cours de l’exercice précédent.
Il est néanmoins possible d’y échapper. Netflix a installé son siège aux Pays-Bas, il ne se soumet donc pas au décret SMAD, sauf pour le respect des 36 mois. Généralement, ce sont les ayants droit qui établissent les fenêtres d’exploitation de leurs programmes en fonction des droits cédés aux chaînes télévisées et pour eux, il n’y a aucun intérêt à essayer de contourner le décret SMAD à propos de la chronologie.
C’est donc la chronologie des médias qui fixe le moment où l’on aura la possibilité d’acheter ou louer un film sorti en VoD. Quid de la propriété que l’on a sur ces contenus ?
 

Adeline Vivo

Adeline VIVO

Etudiante en Master 2 Commerce Electronique, déjà titulaire d’un Master 2 en Droit du numérique obtenu à l’Université de La Rochelle. Passionnée par les nouvelles technologies et leurs impacts sur notre société.

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A propos de Adeline Vivo