Le troc se pratiquait déjà dans l’Antiquité, au temps des Égyptiens où les monnaies courantes n’existaient pas encore. Il se définit comme l’échange direct de biens ou services sans l’intermédiaire de la monnaie. A l’heure où Internet est partout, le troc réussit à y trouver sa place, et prend de nouvelles formes : on peut en effet échanger ses fans sur les réseaux sociaux.

Troctrockiéla(Image et logos : Wikimédia)

 
L’état actuel du troc sur le net
Depuis l’arrivée d’Internet, les sites de troc se sont développés au même titre que les sites de vente plus traditionnels comme Amazon ou Ebay. Le principe reste le même, seul le moyen change. De nombreux sites ont rapidement mis en place un système simple : ainsi une simple recherche sur tout moteur de recherche renvoie de très nombreux résultats de sites de troc.
Ces sites prennent la forme de plate-formes de vente comme Le Bon Coin : les particuliers sont libres de déposer leurs annonces et de communiquer avec les autres membres du site. On y retrouve ainsi différentes catégories, allant du simple meuble au matériel informatique, en passant par tous services (cours à domicile, etc.) La zone géographique peut être restreinte à une simple ville ou s’étendre à la France entière. Certains sites incluent également d’autres pays voisins comme la Belgique ou encore l’Allemagne.
La principale concurrence de ces sites, outre les sites de vente entre particuliers, sont des groupes de troc créés sur les réseaux sociaux, Facebook en particulier. En effet, ces communautés regroupent des personnes par zone géographique ou par activité, et permettent à leurs membres de poster des annonces et d’y répondre. Le principal avantage est que les personnes peuvent directement utiliser leur compte Facebook et toutes les fonctionnalités du site sans avoir à se créer un autre compte sur un site différent. L’audience n’est pas forcément la même, mais cette alternative a porté ses fruits.
 
Le troc de fans sur les réseaux sociaux
Une nouvelle pratique a émergée avec l’explosion des réseaux sociaux à la fin des années 2000. En effet, devant les nouvelles pratiques liées à des sites comme YouTube, Instagram et même Facebook, qui permettent de générer des revenus, les utilisateurs ont mis en place des systèmes de troc pour obtenir plus d’audience. Il est donc possible d’obtenir d’avantages de mentions « J’aime » sur Facebook, de followers Twitter ou encore d’abonnés YouTube en échange de services similaires.
Sur un site comme Likeup.fr, il est possible de s’inscrire puis de choisir les liens ou comptes qui seront partagés ou « likés » par les autres internautes. Afin d’obtenir de nouveaux fans, l’utilisateur devra obtenir des crédits : pour cela, il devra lui-même aimer et suivre des comptes d’autres internautes. Afin de permettre une bonne pratique de la chose, il est demandé aux utilisateurs de ne pas arrêter de suivre les compte aimés, sous peine de bannissement du site et de perte des fans qu’ils auraient obtenus par ce procédé.
Chaque page ou compte se voit octroyer un nombre de crédits, entre deux et cinq. Chaque fois que l’utilisateur aime ou suit un compte, il obtiendra ce même nombre de crédits : il pourra alors faire de même, en laissant d’autres internautes aimer sa ou ses propres pages contre les crédits amassés précédemment. Des comptes VIP payants et la possibilité d’acheter des crédits viennent compléter le site, lui faisant perdre un peu de son aspect « troc » mais répondant bien à une forte demande.
 
Une pratique encore limitée
Quelques bornes viennent tout de même limiter la chose : si les premiers liens octroient la plupart du temps quatre ou cinq crédits, les utilisateurs tombent rapidement sur des comptes ne leur permettant d’obtenir qu’un seul crédit. Cela permet de réguler l’activité et d’éviter l’abus voire l’utilisation de robots qui s’inscriraient à la place de l’utilisateur principal. Le site précise en effet que l’utilisation de robots de ce genre est interdite – quand on sait quels enjeux économiques se cachent parfois derrière les réseaux sociaux, il n’est pas difficile de comprendre où certaines personnes souhaitent en venir.
Outre les règles communes du troc, il n’y a pas de réel cadre juridique derrière ce nouveau genre de système. Rien n’interdit l’échange de fans Facebook ou d’abonnés YouTube, les règles de base de la vente s’appliquant au troc. Comme le précise l’article 1703 du Code civil, il ne se base que sur le consentement des parties. Cependant, du fait que l’utilisateur ne choisisse pas les fans qui viennent aimer sa page – l’échange ne se faisant pas forcément de façon directe entre les parties – est-il possible de parler de consentement total ? Il y a bien un accord de par l’inscription sur le site, la mise en ligne des liens vers les comptes et la recherche de crédits, mais pas de réel contrat d’échange, même tacite, entre les internautes. Même de façon purement technique, cela reste impossible – pour le moment.
 
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AlexandreMoureyAlexandre MOUREY (@AlexandreMourey) est étudiant en Master 2 de Droit de l’économie numérique. Passionné par le monde des nouvelles technologies et de l’audiovisuel, il participe à de nombreux projets sur Internet, notamment avec l’association FFL Production.

A propos de Alexandre Mourey

Cette publication a un commentaire

  1. Avec l’évolution à la vitesse grand V de la technologie actuelle, on est devant différents types d’échanges en effet. Pour ma part ce qui m’inquiète c’est au niveau de la sécurité, est-ce ces échanges de données sont bien en sécurité ? Qu’est-ce qui me garantie que tout ça ne contribuera pas à l’accession d’un pirate dans ma base de données perso ? J’aimerai bien avoir plus de garantie.

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