Au matin du 19 janvier 2016, le client web du site de micro-blogging Twitter affichait le message d’erreur suivant: « Une erreur technique est survenue ». De 9h30 à 12h environ, le service était complètement indisponible. Les raisons de cette panne mondiale ont été annoncées avec un certain retard, les réseaux de communication de Twitter subissant de facto les retombées de la panne. Officiellement, le problème viendrait d’un « changement interne de programme informatique », sans que plus d’informations ne soient venues détailler davantage la situation. Une fois le processus annulé et inversé, le service a repris et le hashtag #twitterdown a atteint des sommets.

Créé en 2006, Twitter n’en est pas à sa première coupure, mais n’a jamais connu un écueil de cette envergure. Cependant, les problèmes techniques rencontrés en ce début d’année ne constituent certainement pas la plus grosse inquiétude de Jack Dorsey, PDG de l’entreprise Twitter inc, les mauvaises nouvelles ayant tendance à s’accumuler en ce début d’année.

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Alex Roetter, Skip Schipper, Katie Stanton et Kevin Weil, quatre des neufs vice-présidents de l’équipe exécutive de Twitter, viennent d’annoncer leur départ. Celui-ci s’inscrit dans un contexte économique et boursier des plus complexe pour le groupe.

En effet, mercredi 20 janvier, le titre boursier de Twitter atteignait son plus bas niveau historique, à savoir 15,48 dollars. A titre de comparaison, à la fin de l’année 2013 et peu après son introduction en bourse, le titre connaissait un pic historique à 73,31 dollars. De nombreuses rumeurs ont récemment circulé, cette chute du titre faisant de Twitter la cible idéale d’un rachat. Le nom de News Corp, entreprise américaine de médias issue de la scission de News Corporation en 2013 avait notamment été évoqué. Le titre repartait alors à la hausse, jusqu’à ce que Rupert Murdoch démente. Ni entrée au capital de Twitter ni offre d’achat ne devait avoir lieu.

Cette chute du cours s’explique assez simplement: la base d’utilisateurs de Twitter a une progression faible et est bien loin derrière celles de LinkedIn, d’Instagram et, bien sûr, de Facebook, avec 320 millions d’utilisateurs par mois en octobre dernier. Les chiffres se rapporteraient à 3 millions de nouveaux utilisateurs actifs mensuels, gagnés par la plateforme au troisième trimestre de 2015. Selon le Wall Street Journal, cette progression serait la plus faible jamais enregistrée pour cet indicateur par une société cotée en bourse. Nul besoin de préciser à quel point la situation est alarmante pour l’avenir de Twitter.

Twitter est un excellent moyen de partager l’information et de suivre l’actualité en temps réel. S’y rencontrent des journalistes, professeurs et leaders d’opinion. Les difficultés récentes du site de micro-blogging tendent à montrer que le format actuel des tweets ne présente que peu d’intérêt pour “monsieur tout-le-monde”. Ainsi il a été annoncée l’augmentation possible du nombre de caractères des tweets, actuellement limités à 140 caractères. Etait évoqué également le chiffre éventuel de 10 000 caractères par tweet. L’idée étant de lever ce qui constitue pour de nombreux utilisateurs, une barrière psychologique à l’utilisation du réseau social. Une fois le système des tweets plus attractif, l’augmentation du nombre d’utilisateurs permettrait de dégager des bénéfices tout en proposant plus de fonctionnalités aux utilisateurs. Pour l’entreprise, le plus important sera de proposer une marge aux annonceurs, en mettant en oeuvre un nouveau produit publicitaire: un tweet sponsorisé, consultable hors de la plateforme par des internautes non-inscrits. Outre l’incitation à l’inscription pour les personnes concernées, l’étendue plus vaste d’un public cible, serait des plus intéressante pour un publicitaire.

L’identité même de Twitter a été bâtie sur des messages directs, brefs, instantanés. Il est facile de comprendre pourquoi le marché a accueilli cette annonce avec circonspection et froideur: l’entreprise serait-elle sur le point de remettre en cause son identité afin d’étendre sa base d’abonnés et de trouver de nouvelles sources de revenus? Il semble malheureusement qu’elle n’ait guère le choix. Fin de règne ou nouvelle génération de tweets, la chose reste à voir, mais soyons certains qu’une petite révolution culturelle arrive dans l’univers des réseaux sociaux.

Thomas Tritsch.

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