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L’industrie pornographique, pourtant ancienne, n’a jamais été aussi puissante que sur Internet. Le trafic colossal des données permet son expansion, mais également le traçage des utilisateurs de sites pour adultes. Souriez, vous êtes surveillés !

SurveillanceSites(Image par nolifebeforecoffee, Flickr)

L’industrie pornographique, reine d’Internet
D’après une étude datant de 2010, plus de 12% des sites présents sur Internet sont des sites proposant du contenu pornographique. Cela représente près de 25 millions de sites, et OnlineMBA ajoute que plus de 350 nouveaux sites pour adultes sont mis en ligne chaque jour. Même si ce pourcentage peut paraître faible par rapport à ce qu’il est possible d’imaginer, il est difficile d’imaginer quelque chose de similaire avec un contenu différent.
Le site TheNexites.com rapporte que le site YouPorn aurait engrangé près de 100 millions de vues quotidiennes sur l’année 2013. Selon le moteur de recherche Google, 25% des recherches effectuées contiennent un mot-clé se rapportant à la pornographie : ceci représente environ 70 millions d’opérations par jour. Seuls les réseaux sociaux et les moteurs de recherche parviennent à concurrencer les sites pour adultes en termes de nombres de visites. Même si les sites pornographiques ne sont pas souvent pris en compte dans les statistiques d’Internet, les plus importants se hissent dans les plus hautes places des classements.
Outre ces statistiques techniques, il convient de se pencher plus en détail sur l’aspect économique de la chose. Dans son étude, OnlineMBA annonce que chaque seconde, 3 000 dollars sont dépensés en consommation de contenu pornographique (notamment en abonnements et accès premium). En 2013, l’industrie pornographique en ligne a réalisé pas loin de 5 milliards de dollars de revenus, dont la moitié aux États-Unis seulement. A titre de comparaison, les réseaux sociaux ont généré 10 milliards de dollars de revenus publicitaires la même année, prouvant que, malgré un public réduit, les sites réservés aux adultes génèrent des revenus significatifs.
Soutenus par une industrie importante et bénéficiant d’une expansion presque sans limites, les sites pornographiques pèsent leur poids sur Internet. Avec un nombre colossal d’utilisateurs, il est aisé de penser que nombre de ces sites profitent en retour de leurs clients. Comme le dit l’adage des temps modernes, « si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit ».
 
Sur les sites pornographiques, vous laissez des traces
En février 2015, un développeur de logiciels et blogueur américain, Brett Thomas, explique que les sites pornographiques transmettent les données personnelles de leurs utilisateurs, et ce même en navigation privée. Brett Thomas pointe directement du doigt les organismes vers lesquels les données sont transférées : les principaux sont Google, AddThis (société de web-tracking), ou encore DoublePimp et Pornvertising (agences de publicité spécialisées dans le milieu pornographique).
Cette pratique s’est déjà répandue dans d’autres milieux, notamment dans le commerce avec Amazon ou eBay par exemple. Brett Thomas explique qu’il est aussi facile pour les sites pornographiques de récupérer des données personnelles que pour Facebook ou Google, même si la consultation se fait anonymement. En effet, d’après lui, la navigation privée n’est absolument pas efficace pour contrer le transfert des données personnelles. Malgré ce que prônent les navigateurs web, leurs concepteurs ignorent généralement les options permettant de ne pas « traquer » les utilisateurs.
 
Vers un « PornGate » et des conséquences facheuses ?
Une autre étude datant d’octobre 2015, réalisée par Timothy Libert, chercheur à l’université de Pennsylvanie, révèle des chiffres plus inquiétants : 88% des sites pornographiques partagent les informations personnelles des internautes. Les « cookies » sont notamment visés, car générés à chaque fois qu’un utilisateur ouvre un nouvel onglet ou une nouvelle page. Il faut donc en déduire que, même lorsqu’il consulte du contenu pornographique légalement, un internaute continue d’être traqué par plusieurs parties externes. Les publicités ciblées fonctionnent grâce à nos données personnelles, englouties par les sites d’e-commerce et nos recherches Google : qu’en est-il pour les données aspirées par les sites pornographiques ?
Un risque, certes modeste mais réel, existe : à n’importe quel moment, les historiques de navigation des utilisateurs peuvent être révélés au grand public. En termes de « e-réputation », un tel « PornGate » peut se révéler catastrophique pour une grande partie de la population mondiale (28 258 internautes consultant du contenu pour adultes sur Internet chaque seconde). Il n’est plus possible de penser que l’anonymat total soit possible sur Internet selon Brett Thomas. Ce dernier ironise finalement :

« Je suis peut-être chanceux, parce que si les préférences pornos de chacun étaient révélées, les miennes seraient peut-être moins embarrassantes. »

 
Quelques solutions contre le data tracking

Il est possible de limiter les dégâts, à défaut de ne pouvoir totalement empêcher les sites Internet de siphonner les données des utilisateurs. Ces techniques s’appliquent de manière générale à tout site, et peuvent donc servir à protéger ses données personnelles sur des sites pornographiques – bien que cet article n’ait pas pour but de vous y inciter.
Des navigateurs comme Tor permettent de se défendre contre de telles nuisances. Ils bloquent les communications sortantes, et évitent donc qu’une grande majorité des sites transmettent les données à des tierces parties. Il est également possible, en utilisant certaines extensions de navigateurs, de s’informer et de contrôler ces transmissions. Le site lifehacker.com cite notamment les plug-ins Adblock, Ghostery, et No Script, bien qu’un blocage total de cette pratique soit encore impossible. Une dernière technique, imparable, reste encore possible : ne pas consulter ces sites.
 
AlexandreMoureyAlexandre MOUREY (@AlexandreMourey) est étudiant en Master 2 de Droit de l’économie numérique. Passionné par le monde des nouvelles technologies et de l’audiovisuel, il participe à de nombreux projets sur Internet, notamment avec l’association FFL Production.

A propos de Alexandre Mourey

Cet article a 4 commentaires

  1. rocco

    LOL ce qui serait choquant ce sonnt les personnes qui n ont pas regardé de porno, vu que 95% des hommes et 63% des femmes en ont regardé ce mois ci ….

  2. rocco

    et encore pour les femmes je pense qu une partie n assume pas, on doit être plus proche de 75/80%

  3. rocco

    au moins dans la generation Y

  4. Blanchard-Dignac

    Bonjour Alexandre,
    Peux tu me donner tes références pour cet article? Tu parles à chaque fois ‘d’une’ étude, peux tu me donner les intitulés de ces dernières?
    Merci d’avance!

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