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Dans le cadre de ses travaux de recherche sur les mémoires, le laboratoire B2V a filmé le regard croisé de deux de ses membres du conseil scientifique sur le thème de la mémoire digitale.

http://www.observatoireb2vdesmemoires.fr/
http://www.observatoireb2vdesmemoires.fr/

Denis Peschanski est historien et également Directeur Scientifique de l’Equipement d’Excellence MATRICE (Memory Analysis Tools for Research through International Cooperation and Experimentations). Le Professeur Jean-Gabriel Ganascia est informaticien spécialisé dans l’intelligence artificielle, philosophe et professeur à l’Université Paris VI. Dans une vidéo d’une dizaine de minutes, les deux experts ont partagé leurs réflexions concernant notamment la définition de la mémoire numérique et les conséquences du droit à l’oubli.
L’observatoire B2V des mémoires a été créé par le groupe paritaire de protection sociale B2V. Son but est d’ « être un « laboratoire » sociétal, ayant pour rôle de réunir et diffuser la connaissance autour de la mémoire humaine avec des apports pluridisciplinaire ».
Jean-Gabriel Ganascia définit la mémoire digitale comme une hyper mémoire composée de différents dispositifs de stockage permettant d’enregistrer aussi bien des informations textuelles qu’auditives ou visuelles. Il prend comme exemple de cette hyper mémoire les lifelogs qui consistent à enregistrer des informations continues tout au long de sa vie.
Les deux experts s’accordent sur la fragilité et les risques liés à cette hyper mémoire, notamment le stockage et l’exploitation de ces informations.
La densité de cette mémoire oblige d’avoir recours à des supports de stockage qui ont une durée de vie limitée due à l’évolution rapide des nouvelles technologies. Pour l’instant, la conservation des informations ne peut être assurée que pour quelques années car les normes utilisées par ces dispositifs évoluent et une fois dépassées, les dispositifs ne sont plus lisibles. Le problème consiste à trouver un moyen de migrer ces données sur des supports durables.
Denis Peschanski souligne un autre risque de cette mémoire : « la manipulation des informations digitales ».
Le droit à l’oubli : une sorte de manipulation ?
Si l’historien souligne la contradiction entre la volonté des individus de pouvoir effacer leurs traces numériques et la volonté de contrôle de l’Etat qui passe par l’interdiction de l’oubli par l’Etat ; l’informaticien met en avant le problème de la faisabilité technique de la mise en place de ce droit.
Les deux experts expliquent la dangerosité de ce droit qui pourrait constituer une manipulation de l’information portant atteinte à la mémoire collective.La mémoire collective étant composée en partie de la somme des mémoires individuelles, en appliquant le droit à l’oubli à l’individu, on efface « des éléments fondamentaux » de la mémoire collective.
Denis Peschanski ne conteste pas qu’il pourrait exister un mécanisme de contrôle de
l’information pour chacun mais il se pose la question de l’équilibre entre la capacité de l’individu à gérer son existence numérique et la protection de la mémoire collective.
Car l’historien d’aujourd’hui ne peut pas savoir quelles questions se poseront dans 100 ans et de quelles sources auront besoin les futures générations. Pour lui, « c’est méconnaître la démarche intellectuelle et scientifique que de s’imaginer qu’il suffit de dire aujourd’hui on va trier en faisant évacuer au maximum les données de caractère individuel et personnel sauf pour un intérêt historique. (…) Qui va fixer l’intérêt historique ? »
La vidéo est disponible ici.
Sources :
– http://www.observatoireb2vdesmemoires.fr/actualites/video-memoire-digitale
– http://www.revolutionr.com/b2v-fiche-expert-memoire-evolution/
– http://www.afjv.com/news/3470_l-ere-du-digital-met-elle-en-peril-notre-
memoire.htm
 
Marine DELAGE
Étudiante en Master 2 Droit de l’Economie Numérique de l’Université de Strasbourg. Porte un intérêt particulier aux impacts sociétaux des nouvelles technologies et au droit des jeux vidéo/serious games.
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