La fin d’année s’annonce compliquée pour Free. La mutualisation des réseaux SFR/ Bouygues est imminente alors que le quatrième opérateur n’a toujours aucun accord de partage 4G avec Orange. Coup de théâtre ! Free demande formellement à rallier la mutualisation projetée…

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Free coincée entre une concurrence impitoyable et une vigilance administrative aigüe

Telle est en substance la correspondance d’Illiad, société mère de Free, non seulement à SFR et Bouygues mais aussi aux autorités de contrôle du secteur. Celles-ci, l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (ARCEP) et l’Autorité de la Concurrence, n’ont pris aucune position. Bouygues non plus. SFR, elle, répond qu’il n’en est pas encore temps. Par contre du côté du Ministère de l’économie numérique, la demande de Free serait mal vue et malvenue.
Un chassé-croisé d’enjeux stratégiques
La politique de Free de pratiquer une concurrence féroce par les prix a détruit la valeur des offres des autres opérateurs ainsi que leurs marges financières. Les effets sont tels que Free aurait depuis capturé 11% du marché, voire évincé Bouygues de sa troisième place en termes de nombres d’abonnés.
Résister à pareille concurrence impliquerait de recréer de la valeur en offrant des services innovants afin de reconquérir le marché. A court terme, les autres opérateurs veulent d’abord optimiser les coûts d’exploitation. Cela constitue l’une des raisons de la mutualisation de réseaux 4G projetée. Entre l’aboutissement du projet SFR/ Bouygues et un réseau Orange conséquent, l’horizon s’assombrit pour Free dont le réseau 4G demeure embryonnaire.
Sa demande viserait donc à s’offrir une couverture 4G maximale par le raccourci SFR/ Bouygues ou à mettre ainsi la pression sur l’opérateur historique pour négocier une mutualisation Orange – Free.
Cette dernière hypothèse, plutôt souhaitée par l’Arcep et le ministère de tutelle, n’est pas du goût d’Orange. D’ailleurs, une mutualisation suppose un réseau Free suffisamment déployé sinon seule reste possible une itinérance 4G. Le mécanisme de la mutualisation ressemble en effet à des apports de biens en société ou à une copropriété avec des parties collectives et des parties privatives. L’itinérance, elle, s’apparente plus à une location et implique un échange plus important d’informations technico-commerciales. Le risque de distorsion à la concurrence est très élevé. Déjà peu ravie de l’itinérance 3G entre Free et Orange, l’Autorité de la Concurrence se déclare peu favorable à l’itinérance 4G.
Pour riposter, Free revient à ses premiers amours : la concurrence par le prix
L’opérateur prétend lancer des offres 4G aux tarifs 3G en vigueur. Là encore, il se heurte aux déclarations dubitatives de ses concurrents ou appels à prudence de la ministre Fleur Pellerin. Et comme si cela ne suffisait pas, Bouygues vient de lancer sa 4G au prix de la 3G.
Encerclée de toute part, Free fait les frais d’une exacerbation de guerre qu’elle a, elle-même, provoquée.
 
Emmanuel NB2Emmanuel Kodjo AKODA
Etudiant en Master 2 Droit de l’économie numérique, je suis un juriste d’affaires féru de droit des télécoms, des données personnelles, de propriété intellectuelle et d’e-commerce.
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A propos de Emmanuel Akoda

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