Le versement de dividendes par la marque à la pomme n’a pas toujours été un fait avéré. Pendant plus de 15 ans, Apple n’avait pas versé de dividendes, rendant la valeur de ses actions uniquement basée sur de la spéculation.

Cette année n’a pas été une sinécure au niveau de la bourse pour Apple. La plus haute valeur de l’action sur les 12 derniers mois s’élevait à 705,07 dollars alors que la plus faible se situait à 439 dollars, le 24 janvier dernier, lors de l’annonce des ventes prévisionnelles du deuxième trimestre 2013. Au passage, la société a atteint la plus haute capitalisation boursière de tous les temps dès août 2012. La société dirigée par Tim Cook a connue durant l’année 2012 un changement majeur dans sa stratégie boursière. En effet, de 1995 à 2012, la société n’a versé aucun dividende.
Il s’agit d’une stratégie très particulière. En effet, il faut savoir que la valeur d’une action repose sur deux éléments, un d’ordre spéculatif et un autre sur la contrepartie financière, les dividendes. Ne pas verser de dividendes revient à reposer la valeur d’une action uniquement sur l’aspect spéculatif. Il n’y a pas d’intérêt direct de posséder une telle action, car elle ne génère aucun fruit en soi. La valeur va être volatile, c’est à dire peu stable et dépendre directement de la vie de l’entreprise. Le lancement d’un produit prometteur, l’annonce de résultats satisfaisants, diverses rumeurs, même des rumeurs concernant la santé d’un dirigeant influe la valeur de l’action sans forcément avoir une corrélation avec l’espoir de tirer profit de la possession d’une action. La seule possibilité de tirer profit de ce genre d’actions est de la revendre plus chère qu’elle n’a été achetée.

Cette habitude de ne pas verser de dividendes provient d’un traumatisme subi par le géant, autrefois à la limite de la faillite. Les liquidités se sont accumulées au fil des années pour assurer la trésorerie de l’entreprise et faire face à des coûts imprévus. Cela dit, le fonds spéculatif Greenlight capital veut plus que le versement de dividendes. Le fonds souhaite voir apparaître des actions préférentielles et fait pression pour arriver à ses fins en poursuivant la société. Le principe d’une action préférentielle est de créer plusieurs types d’actions ne donnant pas les mêmes avantages financiers. Un deuxième investisseur, Brian Galnick, a porté plainte. Parmi ses revendications figure également l’apparition d’actions préférentielles.
Bien sûr, Apple n’est pas la seule société à avoir émis des actions ou des parts sociales sans versement de dividendes. C’est le cas en particulier dans des situations où il est important de réinjecter des liquidités dans le capital de l’entreprise. C’est souvent le cas de beaucoup de start ups, à la recherche de fonds pour investir dans une activité naissante. Le contexte mondialisé renforce cet état de fait. En effet, la volonté de toucher un marché mondial, plus accessible via internet, demande tout de même plus de fonds que si l’on vise un marché national. Or certaines activités nécessitent une visibilité accrue, ce marché mondial. Si elles ne disposent pas de cette dimension, certaines start ups ne sont pas viables. Dans ce cas, viser le marché mondial n’est même plus préférable, mais vital et vice versa pour les investissements nécessaires. Si le New York Stock Exchange reste la place de marché historique, les sociétés du monde des nouvelles technologies ont généralement une autre résidence boursière, la NASDAQ.
David Einhorn, gérant le fonds spéculatif Greenlight capital, veut croquer la pomme plus qu’elle ne se laisse croquer. Les négociations sont en cours. Apple possède une trésorerie supérieure à 130 milliards de dollars. L’action ne risque pas de reprendre du poil de la bête avant la conférence annuelle des actionnaires d’Apple, qui aura lieu le 27 février. Affaire à suivre…

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