L’arrivée du téléphone mobile a constitué en Afrique, encore plus que partout ailleurs, une véritable révolution, ouvrant la voie à des usages multiples et inédits de cet outil.
L’Afrique compte aujourd’hui un téléphone portable pour deux habitants. D’abord apparu dans le monde des affaires, il a ensuite conquis les jeunes, puis les populations modestes, avant de toucher les populations rurales.
 

Le téléphone mobile est très rapidement apparu aux yeux de nombreux Africains comme le moyen de combler les lacunes de moyens de communication existants, à commencer par celui du téléphone fixe dont le continent est largement sous-équipé ; Depuis 2005, le nombre d’abonnés au mobile a dépassé celui d’abonnés au fixe et l’Afrique est le continent où la téléphonie mobile connaît le rythme de croissance le plus élevé. Le nombre d’utilisateurs y a passé le cap du demi-milliard fin 2010 alors qu’ils n’étaient que 52 millions en 2003. Cela représente une augmentation annuelle proche de 50 % contre seulement 7,5 % en France et 27 % en Asie, selon l’IFRI.
Le téléphone mobile s’y est développé en trois grandes étapes avec à chacune d’entre elles un impact considérable sur les modes de vie et l’économie des populations concernées. La Banque africaine de développement a estimé qu’un accroissement de 10 % du nombre d’utilisateurs à entraîné une progression de 1 à 1,5 % du PIB.
1. Le portable a d’abord été adopté par les milieux d’affaires : chefs d’entreprise, industriels et commerçants qui ont ainsi pallié les défaillances de la téléphonie fixe, extrêmement pénalisantes pour la bonne marche de leurs affaires. Cette « cible » est particulièrement choyée puisqu’elle représente près de la moitié des abonnés du continent et la population la plus prédisposée à consacrer une part croissante de son budget pour acquérir les dernières fonctionnalités et technologies disponibles sur le marché.
2. Puis c’est la catégorie des citadins qui a été touchée par la téléphonie mobile et celle des consommateurs à bas revenus. Les opérateurs ont adapté leurs offres pour séduire ces clients potentiels à faibles revenus.
3. Et enfin, les portables ont progressivement touché les campagnes. C’est sans doute là que son impact socio-économique a été le plus visible car c’est là que les moyens de communication, que ce soit infrastructure de transport ou réseaux téléphoniques étaient les plus défaillants. La  banque mobile a connu un très grand succès auprès des agriculteurs, pêcheurs. L’aspect simple et pratique a participé au succès de ce mode de paiement sur ce continent. La seule formalité pour ouvrir un compte est de s’enregistrer auprès d’un agent assermenté. Pour exemple, l’histoire d’un Masaï qui, quand il vend un bœuf au marché de Nairobi (Kenya), préfère mettre directement l’argent sur son compte mobile afin d’éviter de se faire voler.
Les Africains qui disposent déjà d’un compte bancaire sont soumis à des charges financières élevées pour retirer du liquide ou faire des transferts d’argent. Ce qui n’est pas le cas avec le mobile.
L’usage du mobile pour les paiements connaît un taux de croissance fulgurant, dépassant même les 370% en Zambie. Cette explosion du marché de la téléphonie mobile combinée au faible taux de pénétration de l’Internet (le plus faible du monde) en raison notamment des difficultés de connexions, au manque d’équipements et des coûts exorbitants des connexions haut débit, a entrainé et explique le succès et la croissance de l’utilisation des réseaux sociaux.
La vitalité du secteur de la téléphonie mobile africaine a également donné des idées aux acteurs du secteur touristique qui misent de plus en plus sur le développement d’applications ou de sites destinés uniquement à être consultés et utilisés sur téléphone portable. C’est par exemple le cas du site www.traveltoSA.mobi développé par l’Office du tourisme sud-africain, qui vise plus particulièrement une clientèle africaine venant de pays comme l’Angola, le Kenya, le Nigeria ou encore le Mozambique et la République Dominicaine du Congo.
Cette stratégie « pionnière » de conquête de nouvelles franges de la population est en passe d’atteindre ses limites après la très forte croissance de ces dernières années. La téléphonie mobile est à un tournant en Afrique. Les opérateurs doivent maintenant miser sur la qualité et la diversité des services proposés pour maintenir leur présence et leur rentabilité. Ils comptent pour cela sur l’apparition de la 3G et le développement de l’usage du smartphone.
Mais pourtant le fossé numérique reste béant : 70 % de la population d’Afrique subsaharienne vit en milieu rural. Bien que de rares pays comme l’Afrique du Sud approchent du seuil symbolique de 100 % de la population ayant accès à la téléphonie mobile, la moyenne demeure juste au-dessus de 50 %. Cela constitue un autre gisement de croissance et la clé du succès pour les opérateurs qui sauront offrir à ces populations des services à moindre coût.
Après avoir sauté l’étape de la téléphonie fixe, l’Afrique s’apprête donc à sauter également celle de l’Internet fixe sur ordinateur pour se plonger directement dans l’Internet mobile, le téléphone portable devenant : outil de communication, portail pour Internet, centre de documentation pour étudiants, carte de paiement, radio, télévision… Un véritable outil à tout faire.
Webographie :
http://www.inaglobal.fr/telecoms/article/telephonie-mobile-un-succes-africain ,article du 11 juillet 2011-07-15
http://www.slateafrique.com/2877/afrique-paiement-telephone-mobile, article du 23 juin 2011
http://www.afriqueexpansion.com/les-reseaux-sociaux.html, article du 22 juin 2011-07-15
http://www.afriqueavenir.org/2011/06/16/les-voyagistes-africains-misent-sur-le-deploiement-de-le-tourisme , article du 16 juin 2011-07-15

A propos de Sandrine JENNY